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 la courte échelle. éditions transit

éditeur solidaire et associatif, art et politique,

Luc Enoka Camoui et Georges Waixen Wayewol sur le référendum en Nouvelle-Calédonie

Publié le 11 Novembre 2018 par la courte échelle. éditions transit

Les deux écrivains Luc Enoka Camoui et Georges Waixen Wayewol dont nous avons publié deux ouvrages Magma Hwan Pala et L'Essentialité, du Singulier à l'Universel, de l'Universel au singulier, ont récemment donné leur point de vue après le référendum en Nouvelle-Calédonie.

Nous publions ci-dessous leurs déclaration

Le Mardi 6 novembre 2018 21h35, luc camoui a écrit :

Article de Zéno / Analyse résultat référendum du 04/11/2018 -

Si hier, on avait dit que la bataille des urnes se solderait par un Non massif pour l’accession de Kanaky à sa pleine souveraineté, on aurait cru que les Kanaks n’existaient plus. Détrompez-vous, le sort des urnes a démontré le contraire.

Certes, le Non a remporté mais pas autant que ça. Le Oui pour la souveraineté de Kanaky vient talonner le non des loyalistes défaussant les pronostics officiels avec un écart de 18000 voix, soit 56,6 °/O du Non et 43,4 °/0 pour le Oui…Rien que pour cela, c’est quand même une victoire politique de la part des indépendantistes du pari sur l’Intelligence nonobstant la défaite escomptée sans triomphalisme des adversaires politiques…

Il y a des signes avant-coureurs d’une pratique insidieuse de l’Etat quant à l’allocution enregistrée du Président Macron avant même les résultats des urnes comme pour anticiper sur la légitimation du Oui pour le maintien du Pays Kanak dans la République comme pour purger la revendication indépendantiste à ce premier scrutin sans respecter le processus de décolonisation garantissant deux autres consultations majeures en 2020 et en 2022 jusqu’au sortir de l’Accord de Nouméa.

Non mais de qui se moque-t-on ? Sûrement pas le Peuple colonisé qui se bat pour son émancipation à-travers une souveraineté partagée choisie. Quant au discours du Premier Ministre, ce n’est pas digne d’un chef de gouvernement sans teneur ni gravité ni de perspectives après un tel rendez-vous historique du pays avec son Histoire et surtout pour son avenir institutionnel… Il n’a trouvé qu’à déplacer son discours institutionnel sur le terrain économique et culturel comme pour maintenir les intérêts de la mère patrie dans la région et continuité dans la médiocrité en proférant d’une manière sournoise la politique de la peur chère aux empires coloniaux...Encore une fois, le peuple Kanak n’est pas dupe et « Jouer le consensus » comme vocable citoyen dans les instances du Pays rime avec dissensus colonial…

Au demeurant, on a pu constater pendant les campagnes électorales que les loyalistes n’ont pas formé un bloc ou « marcher ensemble ». Chaque parti loyaliste défend son programme et son projet dans ou avec l’Etat, avec des arguments et déclarations qui aiguisent un syncrétisme réactionnaire et par voie de conséquence attisent la peur en verrouillant toute esquisse de progrès et d’ouverture au Monde pour espérer un destin commun viable où la responsabilité et la prise en main du Pays seraient une affaire locale entre toutes les communautés qui désirent vivre et mourir ensemble ici. Les appétits de pouvoir et de profit dans le camp loyaliste sont/font génétiquement monnaie courante dans la gestion des politiques publiques depuis les instances locales de tout temps…

A contrario, les indépendantiste ont fait propagande unie sous l’étiquette du FLNKS à-travers les villages et les 330 tribus du Pays sur un projet de société datant de 1988 reformulé dans la contemporanéité et les équipes de campagne n’ont pas failli à l’idée de tenir des discours de sincérité et d’ouverture avec pédagogie et conviction si bien qu’en analysant de près les résultats du scrutin, beaucoup de non Kanak et aussi « la jeunesse Kalédonienne » ont voté massivement pour le Oui à la pleine souveraineté de Kanaky… C’est un gage d’espoir pour la tenue des deux autres échéances électorales stipulées dans le marbre de l’Accord de Nouméa qui prendra fin en 2023. Les indépendantistes respectent à la lettre l’esprit de l’accord de Nouméa jusqu’à son terme comme une parole sacrée et sa légitimité est irrévocable…

La Jeunesse Kanak n’est pas exempte de la percée considérable du Oui allant même jusqu’à démentir les sondages par leur participation et mobilisation active au scrutin. En vivant de l’intérieur le référendum dans ma commune en province nord, force est de constater la présence en file indienne de la jeunesse allant accomplir leur devoir civique en toute quiétude, en âme et conscience pour un destin commun à-travers une souveraineté partagée issue du pari sur l’intelligence du Peuple Kalédonien. Désormais, il y aura encore 18000 voix à convaincre pour que Kanaky accède définitivement à sa pleine souveraineté… Kanaky est en train de naître dixit Jean-Marie TJIBAOU…

 

 

Article de Sana / Analyse résultat référendum du 04/11/2018 – Le 06/11/2018

La nouvelle tentative de minorisation du peuple kanak a échoué, le piège à con s’est refermé sur les détracteurs et pourfendeurs de démocratie

 

Contre toute attente les résultats de ce référendum du 4 novembre 2018 a déjoué tous les pronostics, sondages, calculs, et autres mauvaises intentions de détracteurs de tout bord, quand le peuple KANAK et sa jeunesse, se sont mis debout comme un seul homme, pour plébisciter démocratiquement son accession à sa souveraineté.

Le non l’emporte avec 57% contre 43%, c’est clair. Cependant le peuple KANAK dans sa grande majorité, 43% sur 46% des inscrits sur les listes spéciales confirme son statut de peuple colonisé et son droit à l’autodétermination pour son indépendance inéluctable.

De la même manière est confirmée, que ce sont majoritairement des expatriés et des non colonisés non concernés par ce scrutin d’autodétermination qui se sont prononcés contre l’indépendance. On peut faire de l’arithmétique, tourner et retourner les chiffres dans tous les sens, rien n’y changera. Le peuple Kanak a parlé pour son compte, et son référendum d’autodétermination, il l’a d’une certaine manière obtenue, avec une expression on ne peut plus claire.

Oui, il y a un intérêt à maintenir les deux autres référendums tout simplement parce que c’est prévu par l’accord constitutionalisé qu’est l’accord de Nouméa. Et il y a encore du travail à faire pour convaincre davantage sur le projet de société et le développement, global, harmonieux et durable du pays.

Qu’est-ce qu’on peut retenir de la brève allocution télévisée du Chef de l’Etat. Deux mots clés ressortent à la veille de la proclamation des résultats, fierté du vote et sincérité des résultats, l’avenir nous le confirmera.

Egalement deux mots clé pour la déclaration du Premier Ministre. Il préfère parler de processus d’émancipation au lieu de décolonisation, approche statutaire. Cela en dit long, puisque clairement l’Etat affiche sa préférence pour un processus qui écarte le droit à la souveraineté du peuple KANAK.

Pour le peuple KANAK, la question de l’émancipation est intrinsèquement liée à la question de décolonisation, j’allais dire une condition sine qua none du droit à l’autodétermination de l’article 3 de la déclaration des Nations unies sur le droit des peuples autochtones.

Ceci étant, le flou demeure quant à la représentativité des Kanak puisque jusqu’à l’heure d’aujourd’hui aucun chiffre précis n’est fourni sur la proportion de votants Kanak et laisse supposer que le résultat de ce scrutin n’est pas aussi sincère que pourraient prétendre certains avis. Des efforts ont été fournis mais le doute est permis.

Si d’une manière générale les analyses font ressortir que le vote a été largement communautaire, pour autant cela voudrait-il dire que le destin commun ou le vivre ensemble en soit écorché ou remis en question. Écorché peut-être, mais surement pas remis en cause. A mon humble avis non, la revendication du peuple Kanak reste avant tout une revendication, légitime de droit, identitaire et de dignité par rapport à la colonisation et à sa marginalisation. Cela ne l’empêche aucunement de se tourner résolument vers l’avenir, de poursuivre la construction de la communauté de destin et du vivre ensemble, bâtie il y a 30 ans dans le sillage des aînés, avec une connaissance et reconnaissance mutuelle des peuples qui forment les communautés de la nation calédonienne en émergence.

Waixen Wayewol

 

 

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