COMME DES MARQUE-PAGES GLISSÉS DANS NOS MÉMOIRES, de Muriel Modr par Frédérique Guétat-Liviani
Gaza 2025. Dans une vidéo générée par l’IA, Trump transforme la bande de Gaza en Riviera. Le clip s’ouvre sur l’image d’enfants mis en joue par des soldats. La mention « What’s next ? » s’affiche, l’ambiance change. Une Tesla roule, des enfants dansent, des dollars pleuvent. Trump et Netanyahou boivent des cocktails sous le soleil. Les enfants qui dansent ne sont pas palestiniens.
Depuis la riposte israélienne à l’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas, un enfant palestinien est blessé ou tué toutes les dix minutes.
Les médias nous montrent une Palestine sans perspective, sans passé ni futur, aligne des chiffres, ceux des morts, des blessés, des déplacés, sans nous donner de noms, de prénoms. On nous montre des corps morts, pas de visages vivants.
Le livre de Muriel Modr Comme des marque-pages glissés dans nos mémoires offre un tout autre chemin au lecteur. Il ne parle pas d’actualité, il inscrit la guerre d’aujourd’hui dans une histoire, une permanence, accueille dans ses pages la mémoire d’enfants nés à Gaza à la fin du siècle dernier. L’ouvrage s’ouvre sur l’image floue de trois enfants et sur la phrase : « personne ne s’habitue à la guerre ».
Quand Muriel Modr est partie en Palestine en 2003, c’était la guerre. Quand elle y est retournée en 2005, c’était la guerre. Quand l’année dernière, elle a réuni les dessins des enfants qu’elle avait rencontrés dans les Camps de réfugiés à Gaza, c’était toujours la guerre.