Comme des marque-pages glissés dans nos mémoires sera présenté le 11 mars 2025 à 19h, Librairie Transit 51 boulevard de la Libération à Marseille (1er) en présence de Muriel Modr
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Comme des marque-pages glissés dans nos mémoires a été réalisé par Muriel Modr, artiste plasticienne, à partir des dessins d'enfants et des photographies issues des ateliers auxquels elle a participé en mai 2003 et février 2005 dans les camps de réfugiés de la Bande de Gaza. Il a pour objectif de faire connaître ces dessins d’enfants et le travail de toutes les associations éducatives, culturelles et artistiques qui encore aujourd'hui ont permis à la société palestinienne de se maintenir malgré les bombardements, les destructions et les dizaines de milliers de victimes.. Ce livre sera vendu en soutien à des projets éducatifs, culturels et artistiques dans la Bande de Gaza, et les bénéfices versés aux associations palestiniennes qui les portent. À ce titre là 330 € ont déjà été versés à la campagne education4gaza portée à Gaza par le Centre de Jeunesse Watan et l'Association de développement humain (H.D.A.).
Introduction du livre par Muriel Modr
Comme des marque-pages glissés dans nos mémoires
Les enfants rencontrés dans les camps de réfugiés de la Bande de Gaza dans les années 2000 sont devenus des adultes. Depuis 2023 certains d’entre elles et d’entre eux animent sous des tentes ou abris de fortune des ateliers malgré les déplacements forcés et la guerre génocidaire.
Ce carnet témoigne avec ses dessins des rendez-vous dans les années 2003 et 2005 dans la Bande de Gaza. J’ai reçu alors chaque dessin comme une lettre unique, un marque page. Les étudiantes et étudiants rejoignant les ateliers traduisent en français les mots inscrits dans les dessins, reconnaissant ce qu’ils ont vécu eux-mêmes la veille. Chaque fois un temps précieux d’écoute, d’attention. Un instant de gagné. Le temps en Palestine ne se déroule pas, il est lié aux ruptures imposées par les attaques de l’armée israélienne imprévisibles de jour et de nuit. Personne ne s’habitue à la guerre.
Rentrée en France je regarde les dessins un par un, expression de chaque réel contrairement au journal télévisé. Je regarde les photographies, le contraste avec la tenue face aux agressions. Je lis dans la presse les mots situation ou conflit à la place de colonisation armée. Ce sont des tanks, des bulldozers, des F16 qui font la catastrophe la Nakba qui ne cesse. Il faut apprendre à ne jamais baisser les yeux. Inventer des jeux, apprendre la dabkeh, désirer correspondre avec tous les enfants en dehors des frontières comme le disent les jeunes ados du centre Afaq Jadeeda : Nouvel horizon du camp de réfugiés de Nouseirat. À Jabaliya camp dans la bibliothèque de Women’s center et de l’institut Tamer « tamer : celui qui pollinise », au jardin d’enfant et Société des femmes brodeuses d’Al’Bureij, le PCHR Centre palestiniens des droits humains, l’institut des jeunes mal-entendants et la langue des signes de Khan Yunis, Rafah et l’association culturelle Watan. Chaque lieu, chaque camp de réfugiés organise un accueil instructif, chaleureux et créatif.
Tous les jours des enfants risquent leur vie pour s’inventer des repères que l’armée israélienne leur interdit. Risquent de s’approcher des murs gardés par des miradors, pour un cerf-volant qui suit le vent qui ne reconnait pas l’armée. Personne ne peut vivre avec la peur sans la défier.
Soigner, réparer, reconstruire toujours, c’était ainsi déjà, il y a vingt ans et bien avant.
Soft occupation is impossible, c’est inscrit dans un dessin à Jabaliya camp de réfugiés.
28 janvier 2025.