À gauche “Kanaky libre” sur un store. À droite, “Batard. Chien” visant les forces de l’ordre sur un panneau de poteau électrique.
Le mouvement ne s’arrêtera plus
Hier soir, juste devant chez nous, nous sortions tous, les Gens du secteur. Les mobiles, d’un tank ou voiture blindée, tire des lacrimogènes. Juste avant l’heure du couvre-feu. Nous assistions badauds impuissants. Les mobiles veulent déloger du rond-point et du quartier populaire les” jeunes”. La terreur d’Etat. Le blindé monte tire puis descend en revenant vers la rue Yvon Jeaunau. La rue perpendicualire. Une grenade est projetée; elle explose devant nous à une dizaine de mètres; pour faire peur, disperser et dissiper d’éventuels attroupements. Certains jeunes sortaient des récents quartiers sociaux construits en face de la carrière où s’était noyé il y a trois semaines un adolescent de 17 ans. Ils hurlent des cris de haine : “Bâtards! Bourre ton père! Chien! “ visant les mobiles auteurs de ces tirs. Les mêmes injures qu’on lit, crachés par d’autres bombes, les peintures sur les murs. L’état d’urgence est une situation exceptionnelle. Nécessaire pour rétablir “l’ordre républicain” indique que l’ordre hiérarchique : le préfet haussaire, Le Franc, Attal le premier Ministre – playmobile écho et clône d’Emmanuel Macron, le conseil des Ministres, le ministre de l’intérieur et des outre-mer, Moussa, que je vais de temps en temps, nommer par un de ses prénoms donnés par ses parents dont l’un eut comme père un supplétif de l’Algérie coloniale. C’est Moussa Gérard Darmanin qui le dit lui-même pour renforcer son attachement et dévouement à la République de France. Mais Moussa, et ses tactiques mesquines de détour et de manipulation de l’opinion pour masquer son impuissance à établir la paix et la sécurité dans une portion territoriale de la République, provoque plus de haine et de division. Moussa Gérard accuse l’Azerbaïdjan et la Chine de manipuler les émeutiers. Il faut rectifier et énoncer avec concision. L’Etat français renforce et accentue la détermination des “jeunes”.
Je voudrais ci-dessous copier le courriel de Waixen Georges Wayewol du samedi 18 mai un ami kanak écrivain, situé lui aussi dans un quartier nord, où sévit l’insécurité provoquée par l’Etat. La police nationale est absente de Normandie et je suppose des autres secteurs nord, occupée à sécuriser les populations aisées des quartiers sud.
Bonjour Hamid,
Moi aussi à ma façon compte tenu de mes jambes malades, j'écris, l'autre façon à nous aussi de lutter avec cette force que nos mots vont plus loin pour toucher la tête mais surtout le coeur. Hier je disais à ma femme et mes enfants qu'on voulait parler à nos jeunes, mais je me suis posé la question à quoi ça sert ? Les jeunes ceux-là même, que l'opulent développement narguait au quotidien depuis qu’on a signé ces accords.
Un développement qui a surtout profité aux mêmes nantis, profiteurs, même système franco-français, qui a avec une insolence inouïe, l’indécence pure, marginalisé socialement, économiquement, extraverti le système éducatif, incarcéré 99% de nos enfants, en déshérence sans emploi car la protection de l'emploi local n’a servi que d'alibi pour faire dire par ces mêmes pseudo-démocrates qu’il n’ y a plus de colonisation, et tenter une énième fois de faire désinscrire le pays encore non autonome sur la liste des pays à décoloniser, et manquer ainsi à sa parole, sa neutralité. La démocratie française prise en flagrant délit de déni. Quel échec et quelle hypocrisie, surtout pour eux qui pensaient qu'on est sorti de la colonisation et qu'ils pouvaient faire maintenant sans nous les Kanak. Les jeunes ne nous écouteront pas. Quoi qu'il en coûte, même si on doit compter nos morts, passage obligé, quand on est acculé pour défendre sa dignité, des jeunes, qui n’ont rien à perdre, parce qu’ils n’ont pas eu droit à profiter des retombées des sacrifices des combats de leurs aînés. Aujourd'hui, pour que la paix revienne, cette paix-là elle s’appelle indépendance Kanake. Ni traité, ni grand accord global et si c’est le cas c'est pour faire la transition pour déboucher inéluctablement sur l'accession à la pleine souveraineté et par la déclaration de l'indépendance kanake. Comment rapidement on organise cette transition avec une assemblée constituante et un gouvernement provisoire en vue des élections démocratiques pour asseoir définitivement le pays kanak. La classe politique qui a géré les accord de Nouméa n'a pas été à la hauteur et s’est bien assis sur le sang de nos militants et la sueur de nos travailleurs pendant 30 ans avec des faux semblants.
Hamid Mokaddem et Waixen Georges Wayewol (avec Luc Camoui) ont publié dans notre collection Kanaky-Calédonie (voir notre catalogue)